jean-françois boclé
Eva Barois De Caevel, France-2016--ref593
Eva Barois De Caevel


Text by Eva Barois de Caevel (searcher and curator), about the performance Affrichissons (in the frame of Seule contre l'UnivertEva Barois de Caevel' s workshop at Bétonsalon art center, Paris)

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Affranchissons

Jean-François Boclé a travaillé, durant le workshop, sur l’occupation physique du milieu urbain par des objets chargés de représenter symboliquement le bien-vivre dans des espaces qui ont pu paraître menacés, selon l’institution, d’échapper au contrôle et aux usages qu’elle recommande. Jean-François a choisi de travailler plus particulièrement sur un manège mécanique installé sur l’esplanade Nathalie Sarraute - qui jouxte la rue Pajol où Jean-François a son domicile - après son occupation par des migrant-e-s, des réfugié-e-s, en 2015. Le manège, entouré de grilles métalliques, surveillé, semblait avoir certaines fonctions.
Jean-François qui s’est intéressé à la symbolique du manège et à son fonctionnement dans ses formes les plus anciennes (force motrice centrifuge), a imaginé une sculpture, un manège à expulser, qui pourrait interroger plus ouvertement les desseins de certains éléments du mobilier urbain qui semblent être de piètres palliatifs au désastre… Le 29 janvier, il nous a présenté cet objet, ainsi que des documents qui ont accompagné son processus de travail (projet de courrier à adresser à la Mairie, croquis, photographies).
Entre-temps Jean-François a poursuivi son observation des stratégies d'occupation de l'espace public : quels nouveaux modes d'occupation ? Quels modes font leur retour ? Quel mobilier nomade s'invente ? Quelle matière à cette présence (sonore, olfactive) ?
Le fanzine est une documentation de ce qu'il est arrivé à cette ZAC Pajol, une réflexion sur qui se partage son territoire, sur le public auquel ce territoire s'adresse. Il contient le courrier adressé à la 
Mairie.

Le 2 juillet, nous inventerons notre mobilier nomade, nous marcherons, occuperons, nous irons de l'esplanade à la boîte aux lettres. Nous posterons le courrier à la Mairie, tous ensemble. Puis nous reviendrons aux côtés du Collège Aimé Césaire pour partager un verre en musique — au son du RnB, de « BBHMM » et « sanga sanga » — sons que les habitants du quartier diffusent souvent à cet endroit, sur cette zone interstitielle de l’esplanade — non saturée de jardins partagés et de terrasses bondées — occupée par les jeunes et moins jeunes du quartier, sur les marches-bancs conçues pour eux par les urbanistes de la ZAC ; un presqu’assis, presque debout.


Le projet Seule contre l'Univert

La publication de cette série de fanzines est une manière de partager les recherches et les productions des participant-e-s du workshop « Seule contre l’Univert » (Eva Barois De Caevel, Jean-François Boclé, Patricia Cartier-Millon, Chrltt-Vctr, Garance Malivel, Chloé Roubert, Servane Varnese).

« Seule contre l’Univert » est un workshop conçu par Eva Barois De Caevel débuté en octobre dans le cadre du programme « Dark
Series » à Bétonsalon – Centre d’art et de recherche, et qui semble être amené à se poursuivre sous des formes que nous ignorons encore. Après une première réunion inaugurale proposée par Eva, une dizaine de personnes ont souhaité se rencontrer, discuter, partager des lectures ou entamer des recherches qui les ont menées vers la création de formes (ou l’envie d’en créer), l’écriture de textes, la compilation de documents, mais aussi à effectuer quelques promenades attentives. C’est une partie de ce travail qu’on a pu voir, lire et entendre le 29 janvier à Bétonsalon. Cette journée a aussi été l'occasion de lancer un fanzine, premier d'une série poursuivie avec les participant-e-s du workshop.

En lien avec l’exposition et la programmation de « Co-Workers: Beyond Disaster » à Bétonsalon, qui posaient la question de comment repenser aujourd’hui la notion de désastre, ses implications et ses dépassements possibles, « Seule contre l’Univert » invitait à identifier une situation de la vie quotidienne ainsi que les énoncés qui l’accompagnent, et à l’analyser au prisme des injonctions et des imaginaires contemporains qui écrivent et dessinent la manière dont nous devrions souhaiter vivre et considérer notre environnement au sens large. Les événements de ces derniers mois, en France, sont entrés dans nos vies et dans le contenu des fanzines. La vie quotidienne y est aussi présente ; et tout ce qui nous y interpelle et qui réclame d'être pensé, et qui réclame aussi de faire cette chose parfois difficile : prendre position.

Eva Barois de Caevel, curatrice et chercheuse


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